L'ADOPTION D'UN CHATON ✣ PV Tumulghor
Sylveride
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Au centre des Haut Bois battait un cœur, résidence pour certains ou simple étape passagère pour d'autres, la vie y grouillait joyeusement sous les hautes branches habillées de feuilles qui frémissaient à chaque caresse du vent. Quelques créatures de ce monde se plaisaient à penser que c'était l’œuvre des soupirs endormis de Meruwan qui, même pendant sa sieste, continuait de veiller sur la vie qu'il avait insufflée. Du cœur était reliés plusieurs veines menant toutes dans la forêt immense. Des créatures insoupçonnées y vivaient, ce qui faisait d'elle le lieu idéal pour des voyageurs curieux à la recherche de compagnon ou de challenge. C'était là ce qui avait amené le Gardien du Pont des Âges à se poser sur un banc de Sylveride scrutant les passants à la recherche de celui qui lui aurait inspiré de quitter sa solitude pour s'aventurer à nouveau dans son terrain de chasse où il s'y était perdu durant des siècles auparavant.

Il avait quelques jours de cela, à sa taverne habituelle, des immortels discutaient de la force des dieux. Un premier maintenait que leur compréhension du monde servait à la pratique de leur intelligence, un deuxième soutenait leur arme et leur pouvoir éloignaient même les inconscients et attiraient uniquement des adversaires de leur taille, un troisième répondit qu'un dieu puissant est un dieu qui sait s'entourer de fidèles compagnons et y reconnaître sa force. Noxdall, qui avait prêté son oreille à l'occasion, s'était dit qu'en effet l'aura divine venait du ressenti qu'ils avaient du monde. En tant qu'immortel sans pouvoir il ne pouvait que reconnaître que savoir faire quelques tours pouvait s'avérer bien utile, et en tant qu'homme d'arme son épée ou son arc lui procurait la sensation d'être entier. Mais il ne vit pas immédiatement l'image d'un tel compagnon que dépeignait le dernier ivre, puis dans un moment de clarté Nodalie vint dans ses pensées : à côté marchait toujours Gideon, son sage lion qui adoucissait d'une façon la froideur de la déesse. L'ennemi inaccessible du gardien était le Tolväar, donc Saphomoth, et il s'effrayait parfois de ne pouvoir combattre un tel ennemi. Certes il n'avait pas l'intelligence d'un dieu, ni la certitude que son épée découpe l'épais cuir du Maître du Tolväar avant de voir son immortalité s'écourter, mais un compagnon ne devrait pas être impossible à trouver pour lui.

Jambes et bras croisés sur le banc, il plissa les yeux pour percevoir chaque détails de la foule tranquille. Les créatures qu'il n'avait jamais encore vu subissaient un plus minutieux examen. À mesure que le sablier s'écoulait, des rides se formaient sur la base de son nez. Ces créatures ne vivaient que dans la paix, il était peu probable qu'elles aient la volonté de capturer un frère dans les bois paisibles. Son visage se défroissa et ses membres se décroisèrent, il quitta son banc et joignit la foule avec l'intention de trouver une taverne où dépenser sa fortune. En fin de journée il se serait installer dans une auberge si fête il y aurait alors il y serait. C'était ses plans pour la journée s'il ne marchait pas à l'instant sur les pas d'un capuchon noir. Capuchon noir signifiait voyageur dans l'ombre qui souhaitait disparaître dans le paysage animé. Heureusement, ou malheureusement, pour lui Noxdall en avait fait sa cible.

« Héhé, trouvé... »

L'immortel se rapprocha furtivement du capuchon et attrapa son épaule pour l'arrêter. D'abord déçu par la simplicité du visage caché de sa cible, il finit par se dire que le reste lui donnait tout l'air d'un potentiel aventurier.

« Cher frère, que diriez-vous de poursuivre votre voyage à travers les bois avec un immortel en besoin ? Des rumeurs circulent, des rumeurs à propos d'un chaton agressif et solitaire effrayant les voyageurs qui ne connaissent pas son histoire. » À vrai dire il ne la connaissait pas non plus mais savait qu'il était bien triste et en colère. « Ce n'est pas pour lui faire du mal, au contraire je veux lui offrir une nouvelle vie. Mais si vous refusez ma quête je devrais subir encore longtemps les plaintes de ma femme la pontesse qui se dit seule lorsque je m'absente et veut que ses pierres accueillent autre chose que des invités. »

Bien que le Pont des Âges était une maison pour son gardien, rester à son poste des jours entiers seul pouvait rendre un peu fou l'immortel, l'une de ses règles de vie consistait à interdire la boisson sur son lieu de travail et à la maison. Le garder à plusieurs changerait du quotidien. Perdu dans ses réflexions, il demanda au capuchon noir :

« Avez-vous bon appétit et bonne soif, ... ? je ne vous ai pas demandé votre nom... »

Les réserves étaient tout aussi important que l'aventure ! Plus loin, des silrais évoquaient la progression des fugolls. Noxdall ne laissa rien paraître de l'effet de la langue froide passant dans la nuque que lui fit ce nom. De nos jours on discutait de cette menace comme des caprices d'Evvus sur le Canion du Crépuscule.

© Nox