Une haute silhouette longiligne avançait d’un pas décidé dans les rues d’Ymaldris alors que la luminosité diminuait peu à peu. Catherine était vêtue d’une légère robe de lin sur laquelle elle avait passé une cape vert foncée de bonne facture. A force de rendre des services à tous les habitants elle avait pu obtenir plusieurs vêtements de bonne qualité, ce qu’elle appréciait toujours malgré les années. Elle s’arrêta lorsqu’elle arriva devant son but : la demeure de la famille de Valpanelli sur Ydrasil. La capuche rabattue sur la tête, seuls ses cheveux bruns dépassaient. Elle releva le visage pour admirer l’endroit où elle avait grandi. Majestueux, un manoir immaculé se dressait fièrement derrière une grille dorée. Un petit jardin bien entretenu avec fontaines et massifs fleuris menaient à une grande porte en bois massif. La bâtisse imposante était, Catherine ne le réalisait qu’aujourd’hui plutôt ostentatoire. En la construisant, sa famille avait voulu montrer sa richesse avant tout.
Mais si elle était là, c’était avant tout pour s’assurer que la maison était toujours habitée. Dans le cas contraire elle aura pu s’introduire elle-même dans son ancienne demeure et  chercher se dont elle avait besoin sans s’embêter plus que ça. Toutefois le manoir était bel et bien toujours habité. Il lui faudrait donc prendre quelques précautions.

Elle tourna les talons et s’éloigna en direction du coin des marchands. Il lui fallait un plan. Elle devait s’introduire dans la maison et en sortir sans être prise sur le fait. Si jamais on l’a reconnaissait… peu importe ce qui se passerait, Catherine n’en voulait pas. Elle tenait à rester la sorcière enchanteresse des plaines verdoyantes. Elle ne voulait en aucun cas que sa véritable identité soit dévoilée ou que sa famille ne la retrouve. Il y avait bien longtemps qu’elle n’éprouvait plus de rancune envers ses parents, néanmoins l’amour avait disparu aussi.
 
Catherine secoua la tête pour chasser ces idées qui ne la mènerait nulle part. Elle s’intéressa un peu aux étals environnants. Les couleurs et les odeurs l’assaillaient, l’évidente opulence et la richesse d’Ydrasil contrastait fortement avec la simplicité de Silraen à laquelle elle s’était habitué et avait pris goût. Et vérifia que sa bourse pendait toujours à sa taille et que sa sacoche avec tout son matériel de base était là. A son poignet gauche, le bracelet d’argent en forme de serpent était toujours là également. Elle avança donc parmi les différents étals et les différents magasins. Bijoux, soieries, épices, on trouvait ici des choses bien plus précieuses qu’en Silraen. Catherine fut très tentée par une tenue en soie bleue nuit… Mais il y a bien longtemps qu’elle ne portait plus de tels atours. Elle n’avait plus l’argent ni le besoin de telles choses. Alors que certains marchands commençaient déjà à remballer leurs marchandises,  elle s’enfonça un peu plus dans les rues de la ville, se dirigeant plus ou moins consciemment ers le quartier populaire de la ville. C’était le quartier le plus pauvre, mal famé, toute proportion gardée par rapport au Tolvaär évidemment. Bien qu’il ne soit pas très tard il faisait déjà relativement sombre, dans les étroites ruelles, les bâtiments projetant leurs ombres aux tailles démesurées.

Elle entra dans une taverne, « l’astre luisant » dont l’intérieur était bien peu reluisant. Elle commanda une bière et alla s’asseoir dans un coin isolé du bar. Lorsqu’on lui apporta sa boisson, Catherine, saisit sa bourse et … sa bourse ! Sa bourse avait disparue. Sa sacoche était là, son bracelet aussi. Celui qui l’avait volé n’était intéressé que par l’argent et ignorait donc qu’elle était une sorcière. Eh bien, elle allait donc faire une petite surprise à ce voleur !