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| Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] | |
| Auteur | Message |
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| Syvraës Déesse des Vents
Messages : 30 Date d'inscription : 14/07/2014
Royaume : Ydrasil
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| Sujet: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Jeu 21 Aoû - 10:36 | |
| J’ai toujours trouvé les humains étranges. Agressifs, possessifs, bien souvent illogiques. Mais alors que dire des Dieux… Encore une de ses inspirations et voilà maintenant une heure que nous attendons ici. En plus, je n’aime pas l’eau… Ne croyez pas que je doute de ses choix, je la connais depuis assez longtemps pour savoir qu’ils sont tous justifiés. Mais comprenez que je n’aime pas faire le pied de grue tandis que la belle prend son bain. Oh bien sûr, la scène est tout à fait superbe et justifierait à elle seule cette attente. Une naïade jouant dans les cours d’eau, sa longue chevelure noire masquant tant bien que mal sa nudité. Il faudrait que je lui explique un jour la notion de pudeur, je doute qu’elle l’ait réellement comprise… Qu’un être humain vienne à passer par là et il pourrait difficilement détourner les yeux. Cette divine à la peau de satin pourrait rendre jalouse bien des créatures par la beauté et le galbe de ses formes. Ne serait-ce sa taille et notre lien, elle ferait une proie de choix. - « Rah… » - « Et bien mon bel Aftheor, que t’arrive-t-il ? Quelqu’un approcherait enfin ? » Je tournai mon regard, aujourd’hui porté par la couleur pourpre vers mon compagnon plumeux, un Faucon crécerelle. Bien loin d’une attitude défensive, il semblait simplement perdu dans ses pensées. Qu’importait, Zephyrus et Notus veillaient également. Personne aux intentions belliqueuses n’aurait pu m’atteindre à cet instant sans que j’en sois avertie. Je pouvais donc profiter à loisir de cette source, sans qu’une once d’inquiétude ne vienne me troubler.
Qu’il était doux de goûter à cette rafraichissante caresse après n’avoir côtoyé que les murs de la bibliothèque pendant de longues semaines. Il y avait bien eu cette rencontre avec le petit Achéon mais cet échange avait été de courte durée. C’était à cet instant qu’Aftheor était venu m’annoncer que la situation empirait dans les Terres Sauvages. J’étais donc partie, sans plus attendre, je devais absolument rencontrer mes frères et sœurs de ces lieux. Mais quelque chose, à la vue de cette source, m’avait poussée à rester ici. Je devais rencontrer quelqu’un, et ceci aurait lieu à cet endroit.
Je n’avais jamais eu de don de vision, seulement je me fiais à mon instinct en toute circonstance. Et d’ailleurs… Il semblerait que quelqu’un approche. Ne cherchant nullement à me cacher de son regard, je continuai d’utiliser mon don pour créer quelques remous dans la source. L’eau acceptait de se plier à ce jeu et créait volutes et tourbillons. Je ne cherchais pas à entrer en contact direct avec l’inconnu, sentant que s’était à lui de faire le premier pas. C’était donc volontairement que je lui tournais le dos, attendant un geste de sa part.
Aftheor, comprenant la situation, s’était mis en retrait. Abrité sous quelques feuilles, il observait la scène de ses yeux jaunes. Il était prêt à intervenir si la situation le nécessitait bien que ses récentes blessures ne soient pas encore entièrement cicatrisées. Quel compagnon de choix, fidèle et intelligent. Une véritable chance.
Cela faisait quelques minutes à présent que Notus me chantait la présence de cet inconnu, mais ce dernier ne semblait pas disposé à bouger. Pourtant, c’était à lui de venir. Peut-être avait-il simplement peur de ma réaction s’il me surprenait. Je me laissais donc glisser près du bord de la source et posait mon regard en direction des sous-bois. Mes cheveux formaient un voile noir sur mes épaules, un voile quelque peu mouvant grâce aux vents proches. Les volutes aquatiques s’estompèrent et bientôt il n’y eu plus un bruit. Ne restait plus qu’à patienter, une chose qu’Ohen m’avait longuement apprise à faire. |
| | | | Aiden Tyback Réceptacle à souffrance
Messages : 38 Date d'inscription : 12/08/2014
Royaume : Silraen
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Jeu 21 Aoû - 14:06 | |
| Les ténèbres entouraient Aiden. Un froid mordant s'était abattu sur la geôle, faisant grelotter les hommes et les femmes en haillons dispersés autour de lui. A côté de lui, un vieil homme venait de mourir, la bouche grande ouverte. Mais il savait que ce n'était pas le froid qui l'avait emporté. Le Palais lui avait dévoré l'esprit, lentement. Puis, après avoir absorbé chaque once d'espoir et de santé mentale, le vieil homme s'était laissé crever. La vie en ces lieux n'était pas une vie. C'était un sursis. mais ils étaient tous condamnés, sans jugement, à l'exécrable destin d'une mort indigne et abominable.
Là, le jeune homme vit alors une ombre bouger derrière les barreaux. Les pandores revenaient, cette fois ils étaient cinq. Ils ouvrirent la grille. Les hommes aux alentours étaient trop exténués ou désespérés pour tenter quoi que ce soit. Les gardes le savaient. Et ils prenaient plaisir à montrer qu'ils étaient maîtres de leurs corps. Enjambant les corps rachitiques des prisonniers, les hommes de Nékèpech prirent une jeune femme dans le tas. Aiden sentit son coeur se glacer; c'était Fadia. Avec un grognement, il tenta de se relever, prêt à défendre sa soeur contre les abominables bourreaux.
L'un d'eux le repoussa à terre, et il était trop fatigué et congelé pour se relever une seconde fois. L'homme rit, avant de dire:
"On l'emmène au Salon des Mères, petite ordure. Là-bas, de repoussantes créatures vont lui montrer toutes les joies de la maternité... Et toi, tu ne pourras rien y faire. Allez les gars! On l'emmène! Mais avant que Nezaq s'amuse avec elle, je pense qu'on mérite quelques passes, nous aussi, hein?"
Le cauchemar commença alors à se distordre, à mesure que retentissaient les cris de détresse de Fadia, les rires des gardes, et les cris de rage rauques d'Aiden...
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Aiden était en route pour sa belle petite source, rassuré par la présence protectrice de Vigile. L'aigle sautait de branche en branche sans un bruit, surveillant depuis la hauteur des cimes les moindres mouvements en contrebas. Rares étaient les compagnons aussi attentifs que cet aigle, et le chasseur en remerciait les dieux de l'avoir placé sur sa route. A présent, il marchait, droit devant, afin de prendre son bain. Il avait pris son banjo avec lui, prêt à jouer quelques accords pour s'évader dans la douce mélodie de l'instrument.
Jouer le calmait, l'apaisait même. Il oubliait ainsi les soucis de la vie, les horreurs du passé. C'était sa manière à lui de faire le vide dans son esprit. Il avait appris les accords tout seul... enfin, bon, avec l'aide également d'un petit manuel illustré qu'il avait trouvé dans la remise de l'ancien bûcheron habitant autrefois sa masure. Ne sachant pas lire, les illustrations simples et dessinées à la main par le vieux propriétaire avaient grandement contribué.
S'approchant du bassin, il sentit Vigile s'arrêter à une branche et regarder fixement un endroit. Peut être avait-il repéré une proie? Ou peut être était-ce autre chose? Quoi qu'il en soit, Aiden ralentit un peu le pas, tendant l'oreille. Pourtant, rien ne semblait émaner de l'endroit derrière les fourrés, là où la source s'écoulait. Perplexe, il regarda l'aigle, qui fixait toujours un endroit derrière les branches et les amas de plantes. Impossible de savoir ce que c'était.
Alors, il prit son courage à deux mains, et décida d'aller jeter un oeil. Et ce qu'il vit était à la fois inattendu et hors du commun.
Une magnifique femme, dénudée au point de faire rougir Aiden, prenait son bain, lui tournant le dos. Sa chevelure noire descendait très bas, et le chasseur eut un peu de mal à contenir sa surprise et sa gêne. Il était tiraillé entre deux raisonnements; prendre la fuite, car cela pouvait être une de ces déesses forestières extrêmement vindicatives, ou bien continuer de regarder car... Par les dieux, c'était un spectacle qu'il n'avait jamais vu! Cela n'avait rien à voir avec la fille de ferme qu'il avait séduite, quelques mois avant le drame. Elle, était au-dessus de tout ça. Et nue, ma parole! Nue!
Sentant que ses joues devenaient rouge pivoine, il resta planté là, à regarder la silhouette gracieuse prendre son bain. Il déglutit avec un peu de peine, espérant qu'elle ne l'avait pas entendu. Ni vu. |
| | | | Syvraës Déesse des Vents
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Royaume : Ydrasil
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Ven 22 Aoû - 21:16 | |
| Si la patience était une de mes vertus, il n’en était pas de même pour Aftheor. Je sentais grandir en lui le vent de l’action et peut être également celui du jeu. Il voulait déloger l’inconnu de son abri, le forcer à avancer vers moi. Mais il était encore tôt et rien ne devait troubler le calme de ces lieux. Il fallait tout simplement attendre. Quelque chose dans l’âme de ce mortel appelait à la quiétude ainsi qu’à un rien de douceur. Son être était troublé, cruellement blessé, il fallait être avec lui comme une simple brise, délicate.
Mais mon compagnon, bien loin de sentir cet état de fragilité en eut assez. Son regard se mit à étinceler et ses ailes frémirent d’envie. Ne supportant plus cette attente, il s’élança finalement en direction du visiteur. Bien que de faible envergure, il n’en restait pas moins impressionnant et effraierait sans nul doute celui qui était devenu à cet instant sa proie. Certainement pas une proie nécessaire à son alimentation, il s’agissait davantage d’un jouet. Et Aftheor comptait bien forcer ce jouet à se dévoiler. Une approche tout à fait incongrue face à une personne tourmentée.
Je ne pouvais donc pas attendre paisiblement que mon compagnon parvienne à ses fins et encore moins que l’aigle de ce mortel n’intervienne à ma place. Car oui, Notus m’avait murmurée la présence d’un autre oiseau, bien plus grand et bien plus fort qu’Aftheor. Un combat perdu d’avance en somme et parfaitement inutile. Fort heureusement, un simple claquement de doigt suffit à stopper l’envolée de ce cher Faucon qui s’arrêta à quelques centimètres du visage du mortel. Il fallut faire de même avec l’aigle qui finalement se retrouva prisonnier dans une bulle d’air. Les deux oiseaux ne souffraient pas, cependant plus aucun mouvement ne leur était permis. Les éloignant alors doucement du mortel qui semblait dans un profond état d’anxiété, je décidai qu’il était finalement temps de faire le premier pas.
Quittant les douces caresses aquatiques, je me levai pour faire face à cet homme. Pour ne point le troubler davantage, un habit recouvrait à présent ma peau, simple étoffe destinée à cacher certaines de mes formes. Rien de plus qu’un voilage blanc animé par quelques vents. Quant à mes cheveux, leur noirceur resta intacte bien que leur longueur fut, elle, légèrement accentuée, leur permettant ainsi d’effleurer le sol.
Bien qu’à quelques mètres seulement de ce mortel, je décidai qu’il était encore trop tôt pour simplement envisager de les franchir. Toujours abrité derrière les feuillages, il se dérobait à mon regard mais ceci n’avait que peu d’importance. Ce que je désirai à cette heure était atténuer ses souffrances qui résonnaient avec force dans son être. Mais pour cela, encore fallait-il troubler ses défenses pour finalement approcher son cœur. Lui faire comprendre qu’il était en parfaite sécurité et que rien ne pourrait l’atteindre. Posant alors une main sur mon cœur, je murmurai ces quelques mots :
« Ces mondes sont sources d’angoisse, de colère et de troubles. Je sens dans ton corps les souffrances passées. Des maux te hantent, des souvenirs meurtrissent ton cœur et ça je ne pourrai jamais l’effacer. Mais je peux adoucir cette existence qui t’a finalement été accordé, cette renaissance après les douleurs endurées. Je peux apaiser ton âme, loin de toutes ces angoisses qui te dévorent. Me laisserais-tu une chance d’y arriver, Aiden ? » |
| | | | Aiden Tyback Réceptacle à souffrance
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Royaume : Silraen
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Sam 23 Aoû - 14:59 | |
| Aiden faillit crier de surprise lorsque le faucon passa à quelques centimètres de sa tête. Il ne s'était vraiment pas attendu à ce qu'un oiseau vienne l'embêter, à quoi lui aurait servi Vigile sinon? Tiens, d'ailleurs, que faisait-il celui-là s'il ne pourchassait pas l'autre rapace? Il était censé être plus gros! Puis le chasseur regarda en direction de l'aigle, qui était en train de faire du sur-place. Ce n'était pas normal. Il battait des ailes frénétiquement et pourtant... Il était comme immobilisé par quelque chose. Puis Aiden se rappela de la déesse forestière, et son sang se glaça. Elle l'avait remarqué, à coup sûr! Lorsqu'il posa son regard sur la source, il vit la divinité se diriger à présent vers lui, vêtue d'un étrange linge blanc. Sentant son coeur battre la chamade, il voulut reculer, mais quelque chose l'en empêchait. Jurant entre ses dents, ses yeux s'ouvrirent en grand lorsqu'il se rendit compte qu'il était, une fois de plus, capturé.
Enfin, la déesse parla, et les mots qui sortirent de sa bouche se voulaient rassurant, doux, et compatissant. L'esprit d'Aiden était troublé. Jamais personne ne lui avait tenu un pareil discours. Une part de lui voulait se jeter aux pieds de la divinité pour la supplier de l'aider, mais une part plus grande encore était remplie de méfiance et de doute. Peut être n'était-ce qu'un appât, une ruse pour le traîner dans les fins fonds des ténèbres. Il ne voulait pas qu'un tel scénario se reproduise. Plus jamais. Aussi, il regarda en direction de la belle créature devant lui, avant de dire, la peur perçant dans sa voix d'homme:
"Et... Et qu'est-ce qui me fait croire que vous n'êtes pas comme eux, hein? Peut être que sous vos belles paroles se cachent le même tissu de corruption que... que... Qu'est-ce qui me fait croire que je peux vous faire confiance?"
Aiden en était même à douter qu'il puisse s'en sortir ainsi. En effet, même s'il se méfiait de l'entité, il était incapable de bouger. Dans tous les scénarios, que ce soit une déesse bénéfique ou maléfique, il était encore une fois de plus le jouet de quelque chose. Le jouet du destin? Il en avait plus que marre de chaque fois se retrouver en bas de l'échelle, poussé vers le puits noir et sans fond des abîmes du Tolväar. Chaque pensée de son passé, chaque cauchemar le ramenait dans ce monde maudit, malgré la distance physique.
Cependant, il le sentit, sans vraiment le remarquer tout de suite. Mais la présence de la divinité était apaisante, et sans oppression. Son aura ne débordait ni de haine, ni de colère, ni de cruauté. Elle était plutôt comme un îlot de calme, un étang sans remous au cœur d'un endroit désert. Une oasis de sérénité. Et lorsqu'il finit par le sentir vraiment, alors le doute commença à s'estomper dans son cœur... |
| | | | Syvraës Déesse des Vents
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Royaume : Ydrasil
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Mer 27 Aoû - 19:06 | |
| Les doutes de ce mortel étaient tout à fait justifiés. En effet, rien ne pouvait prouver la justesse de mes paroles ni même la douceur de mes intentions. Je sentais la peur hurler à chacun de ses muscles de courir, fuir loin d’ici. Mais il ne parvenait pas à esquisser un geste et c’était à peine s’il avait réussi à formuler quelques phrases.
C’était une rencontre d’un genre nouveau, même pour moi. Je n’avais jamais inspiré pareille terreur à un homme, encore moins intentionnellement. Ne restait donc plus qu’à gagner sa confiance. Et pour ce faire, il me fallait tout d’abord libérer son compagnon, l’oiseau qui visiblement veillait sur lui.
Mais au lieu de simplement annuler mon entrave, je décidai que le noble aigle pourrait me permettre d’atténuer les doutes d’Aiden. Il suffisait que lui aussi m’accorde un peu de sa confiance. Approchant alors ma main de mes lèvres comme pour lancer un baiser, j’envoyai un souffle divin en direction du gardien plumeux. Celui accepta, non sans méfiance, mon présent et ouvrit ses ailes. Porté par une douce brise, il quitta sa prison d’air et glissa alors jusqu’à mon visage. Arrivé en vol stationnaire à seulement quelques centimètres de mes yeux, il plongea son regard brûlant au fin fond de mon âme. Ce qu’il y vit dû lui plaire car il décida finalement de se poser sur mon épaule. Aussitôt, je constatai du coin de l’œil que ce geste déplaisait fortement à Aftheor. Il me fallait donc le garder dans sa bulle aérienne encore quelques instants.
« Crois-tu que si j’étais une créature malfaisante, ton gardien accepterait ainsi ma compagnie ? Tu peux penser qu’il s’agit d’un mauvais tour, peut-être même d’un envoutement, mais il n’en est rien. Je connais seulement le chant des vents, les appels au vol et à la danse. Ces vents si doux qu’on ne peut résister à leur invitation. »
L’aigle sembla soutenir mes propos en posant sa tête plumeuse contre mon cou. Je lui rendis son geste avec douceur et l’invitai à enfin rejoindre son compagnon. Le gardien accepta et déploya de nouveau ses ailes pour retrouver Aiden. Il me sembla deviner dans le soupir de ce dernier un brin de réconfort. Savoir un si fort animal à ses côtés semblait le rassurer.
« Je ne suis rien d’autre qu’une déesse, une essence divine qui n’aspire qu’à rendre ces mondes meilleurs en défendant ce qui doit l’être. Mon nom est Syvraës, et comme tu as pu t’en apercevoir, je suis liée au vent. Quant à mon caractère, paix, calme et sérénité sont les maitres mots de mes pas. Jamais je n’ai cru en la violence et jamais je ne pourrai y croire. Tant de voies existent dans cet univers, et celle que j’emprunte jour après jour est, je l’espère, celle de la sagesse. »
J’ouvrai mon cœur à ce mortel, aussi simplement que s’il s’agissait d’une connaissance lointaine. J’allais même jusqu’à lui raconter mon histoire, ma naissance puis ma vie auprès d’Ohen, la divinité du Feu. Je décrivis brièvement ces nombreux siècles bercés par la littérature et le maintien de la paix par la seule réflexion. Bien sûr il y avait eu des guerres, mais jamais de massacre. Encore moins de torture.
Lorsqu’enfin mon récit se termina, je plongeai mon regard en direction d’Aiden. Je ne percevais toujours pas correctement son visage mais j’espérai que son cœur entendrait mes paroles et comprendrait que je ne voulais que son bien. Décidant que la balle était finalement dans son camp, je relevais légèrement les tissus de ma robe et m’assis à même le sol. Aftheor, enfin libéré du sort, me rejoignit et se posa à mes côtés, attendant une quelconque réaction. Si Aiden optait pour la fuite, je ne chercherai pas à le rejoindre. Ce geste signifierait que son âme n’était tout simplement pas prête à me suivre, il ne servirait à rien d’insister. Je pourrai cependant continuer de veiller sur lui, comme j’essayais de le faire avec chaque mortel innocent de ces mondes. Certes, j’aurai préféré lui apporter une vie meilleure, pourquoi pas l’emmener loin de ses terres, loin de ces souvenirs brulants. Mais la route à suivre était là un choix qu’il devrait faire lui-même, jamais je ne le forcerai à emprunter une voie différente de celle voulue. Mon seul but était ici de l’accompagner, et pourquoi pas, d’illuminer son chemin. |
| | | | Aiden Tyback Réceptacle à souffrance
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Royaume : Silraen
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Mer 27 Aoû - 23:10 | |
| Lorsque Vigile s'approcha, après avoir stagné sur place, de la déesse, Aiden eut un pincement au cœur. Il ne voulait définitivement pas qu'il arrive malheur à son compagnon à plumes. Leur relation dépassait plus que le simple échange de bons procédés, car non seulement ils avaient des intérêts à s'épauler l'un l'autre, mais le chasseur considérait cet aigle comme son seul ami ici-bas. Mais il se calma lorsqu'il vit que la créature ailée n'avait aucun souci à se faire. Aiden s'apprêtait à penser à une ruse, lorsqu'elle parla clairement et simplement.
Elle parla d'elle-même, de son élément... Le vent. Elle se nommait Syvraës, et elle parcourait le monde en toute bienfaisance, évitant d'agir avec violence... Elle raconta alors son histoire, et Aiden se mit à écouter. En entendant le récit de la divinité, il se mit à réfléchir. Elle ne semblait pas maléfique, et même si la méfiance était un réflexe de survie pour le bûcheron, il reprenait confiance de plus en plus. Enfin, au terme du récit, il était plus détendu qu'au début de la rencontre, et plus encore fut-il soulagé de voir Vigile voleter dans sa direction, se posant sur son épaule. Alors, avec un soupir de réassurance, il se décida à sortir des fourrés, timidement du moins.
Il se tenait à présent devant la déesse des vents, confiant mais avec encore une lueur de méfiance dans les yeux. Son aigle sur les épaules, il regardait la divinité et son visage n'exprimait aucun sourire, aucune joie, un sentiment bien trop rare pour être partagé avec un étranger potentiellement dangereux, même si en ce cas, les doutes se raréfiaient. Puis, d'une voix contrôlée, il s'adressa à la femme aux cheveux noirs:
"Je ne crois pas qu'on puisse m'aider, noble déesse. Les gens comme moi sont condamnés à revivre ces... "angoisses qui les dévorent", comme vous dites. J'ai abandonné ces illusions de bien-être il y a longtemps."
Dans sa tête, ces paroles étaient cohérentes et tout à fait vraies, mais le cœur d'Aiden lui hurlait au plus profond de lui-même qu'il restait encore un espoir, incarné par cette divinité altruiste et généreuse. Le jeune homme ne savait plus s'il devait écouter sa raison ou son instinct. La misère de sa situation lui rendait la tâche encore plus difficile alors que des souvenirs douloureux traversaient sa tête. Alors qu'il repensait à tout cela, une petite larme perla sur la joue gauche du chasseur, qui dit ensuite, inspirant à fond:
"Je ne vis plus. Et vous ne pouvez rien y faire, je pense." |
| | | | Syvraës Déesse des Vents
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Royaume : Ydrasil
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Jeu 4 Sep - 9:37 | |
| Enfin les premières barrières de méfiance avaient cédé. Aiden se trouvait à présent devant moi. Sa carrure n’était pas aussi frêle que le laissait supposer sa voix. Quant à son visage, bien que partiellement couvert par le capuchon d’une pèlerine, il exprimait un tel désespoir de vie que s’en était troublant. Quelques mots virent confirmer cet état. Il n’espérait plus en l’avenir, ne croyait finalement plus en cette chose si fragile qu’était le bonheur. Tout simplement, il ne vivait plus.
Je savais que je ne parviendrai jamais à soigner ses blessures, mais j’espérai pouvoir améliorer son quotidien, insuffler un peu de vie dans cet être meurtri. Alors que je quittais ma posture assise, décidée à lui expliquer ce que je pourrai tenter de lui apporter, un bruit me figea. Les deux nobles oiseaux avaient leurs yeux rivés vers le cœur de la forêt, juste derrière moi. Quelque chose arrivait, nombreux, bruyant et à priori violent. Zéphyr m’apportait des effluves chargés de sang, de même que des rires belliqueux et pervers. Une vague destructrice arrivait, profanant la tranquillité et la douceur de ces lieux.
Lorsque mes yeux croisèrent ceux d’Aiden, il me sembla lire une peur incommensurable. Ses membres tremblaient et son cœur battait à un rythme fou. A cet instant, il se sentait proie et semblait revivre des angoisses lointaines ancrées dans sa mémoire. Il fuirait, c’était inévitable. Enfin, s’il le pouvait encore car la centaine de créatures qui approchait à cet instant était en train de nous encercler. Et pour les avoir maintes fois croisées sur des champs de bataille, aucun doute ne m’était permis. Fugolls… Petits, vicieux, et terriblement nombreux. Leur couardise était un élément connu de tous, de même que leur mauvaise vision au soleil, mais peu leur importaient du moment qu’ils étaient venus en masse. Une masse qui commençait déjà à pointer le bout de son nez, cassant les branches des arbustes proches, mutilant la végétation luxuriante et toujours en ricanant. Après tout, c’étaient de belles proies qu’ils avaient là. Un humain, terrorisé par leur seule présence et bien incapable de se défendre accompagné d’une femme et de deux volatiles. Quant à cette femme, bien qu’ils sachent par leur fameux réseau d’information de qui il s’agissait, elle n’est restait pas moins une déesse mineure répugnant à se battre. Une aubaine, une réelle chance. Leur maitre les féliciterait peut être si ils parvenaient à nous ramener vivants. Quoique… notre mort serait sûrement tout autant appréciée.
Mais il était hors de question de finir notre journée en tant qu’esclaves, ou cadavres des terres du Tolväar. Fuir serait une solution facile pour la déesse des vents que j’étais, mais je ne voulais pas laisser ces êtres nuisibles piétiner plus longtemps la Terre Primale. Une riposte s’imposait, et je n’aurai pas été contrariée qu’un frère ou une sœur vienne nous apporter son aide. Mais les environs étaient déserts, si ce n’étaient mes chers compagnons venteux qui déjà se préparaient à combattre à mes côtés. Mes cheveux, tempête noir autour de mes épaules, se mouvaient au rythme des vents. Notus, Zéphyr mais aussi Blizzard, Hurle et Meltem, tous répondaient à mon appel. La clairière tout entière se plia à cet chant de pouvoir, parcourue par des veines de vent secouant arbres et prairie. Quant au ciel, il se fit plus clair encore, dépouillé de tout nuage. La lumière était une alliée de choix face aux Fugolls, il ne fallait surtout pas la masquer.
J’étais prête, inévitablement prête à accueillir ces êtres maudits. Quant à Aiden, j’ignorai s’il allait s’écrouler à terre, emporté dans la folie de ses souvenirs ou bien affronter ses cauchemars et lutter à mes côtés. Un seul geste me vint alors à l’esprit tandis que les Fugolls tentaient d’envahir la clairière, se heurtant à une barrière de vent. Je m’approchai d’Aiden et saisis sa main. Il n’était pas seul et ne le serait plus. Je ne le laisserai pas périr ici aux mains de ces bourreaux. Il était enfant de ces terres bien plus qu’homme, mais il ne serait plus jamais objet. Je voyais en lui une âme fragile qui ne demandait qu’à être protégée. Et je serai ce bouclier devant les douleurs à venir.
Le tenant toujours par la main, je regagnai le cœur de la clairière et laissai courir mon regard sur les Fugolls. Ceux-ci tentaient de traverser la sphère qui nous protégeait de leurs attaques, sans réel succès. Mais je ne pourrai attendre éternellement qu’ils se lassent. Cette race n’était pas connue pour leur abandon. Seule la force et la violence étaient un langage familier à leurs oreilles. Cependant, il n’y aurait aucun bain de sang car ce geste irait à l’encontre de ma nature. Ma main libre se leva donc et quelques Fugolls quittèrent le sol pour finalement être projetés plus loin. Avec suffisamment de magie, je pouvais les renvoyer directement dans les terres du Tolväar, mais leur nombre était tel que je doutais d’y parvenir. Ou bien il faudrait rompre la sphère de protection pour que toute ma puissance puisse servir à ce geste. Et quelques Fugolls pourraient bien nous atteindre pendant cet instant.
« Aiden, je peux faire reculer ses créatures, les ramener vers les terres qui les ont engendrés mais pour cela il me faut rompre cette bulle protectrice. Les vents sont certes puissants, mais je ne pourrai pas tous les arrêter, pas immédiatement du moins. Quelques dizaines de secondes seront nécessaires pour tous les entraver. Un temps durant lequel la plupart d’entre eux pourront nous atteindre. J’ignore si tu supporterais ce contact, si voir ces êtres au plus près de toi ne te jetterait pas directement dans les limbes de la folie. Je peux donc te proposer quelque chose, t’emmener loin de ces lieux pour ensuite y revenir, seule. Je ne saurai te promettre que ces êtres, rapides, n’essaieront pas de nous suivre, détruisant le cœur vert de ces terres ainsi que tout être vivant qu’ils croiseront. Mais c’est à toi de décider, quel est ton souhait Aiden ? Demeurer ici et affronter tes démons ou bien fuir ? »
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| | | | Aiden Tyback Réceptacle à souffrance
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Jeu 4 Sep - 20:37 | |
| Les yeux d'Aiden s'écarquillèrent. Une menace était proche. Quelque chose bougeait dans les bois, et même la déesse semblait inquiète. Toute couleur déserta le visage du chasseur lorsqu'il sentit cette odeur bien particulière, portée par le vent. Une odeur qu'il connaissait très bien. De douloureux souvenirs envahirent sa tête. Ses bras et ses jambes étaient comme inertes, et ses pupilles se dilataient alors que la terreur fusait dans son sang avec une lente cruauté. Il fit un pas en arrière, pour ne pas tomber à la renverse, alors qu'il tentait de reprendre le contrôle de lui-même. Une voix lui murmurait intérieurement...
Ils viennent pour toi, Aiden. Ils te ramènent à la maison... Tu rentres chez toi. Allez, dans ta cage Aiden! Pas la peine de fuir. Tu ne peux distancer le destin. Tu n'as pas encore assez souffert. Viens, réparons cette injustice!
Chaque membre de son corps était parcouru de spasmes incontrôlables. Il regarda ses mains. Sur celles-ci, chaque cicatrice et chaque trace de brûlure ravivaient des souvenirs perdus, comme un tisonnier agité par le vent. Il faillit craquer lorsqu'il les vit alors en chair et en os; les Fugolls, pernicieuses créatures, qui se mouvaient comme des loups en approchant la clairière, sortant des bois touffus. Leurs sourires machiavéliques blessèrent le coeur d'Aiden comme s'ils étaient des poignards. Dans un réflexe plus qu'une prise de conscience, l'homme des bois sortit sa hachette, qu'il emportait toujours avec lui. Mais ses jambes voulaient lui intimer un autre ordre, celui de courir!
C'est à ce moment que Syvraës attrapa la main du bûcheron. Celui-ci glapit. Le contact soudain l'avait étonné, son regard étant rivé sur la menace droit devant. La déesse l'avait attrapé juste avant que ses jambes ne finissent par gagner le duel mental qui se déroulait dans la tête de l'homme meurtri. Observant l'entité supérieure, il se surprit à reprendre un peu d'assurance. En réalité, c'était la vision des Fugolls se jetant sur une barrière invisible et venteuse qui lui avait permis ce regain d'espoir. Il regarda ses ennemis s'écraser d'eux-mêmes sur le bouclier protecteur et bienfaiteur. Mais ce que dit Syvraës faillit soulever le coeur d'Aiden.
Arrêter la bulle protectrice? Permettre à ces êtres abominables d'approcher? Jamais de la vie! Pas question!
L'emmener loin d'ici? Combattre ces abominations seule? Mais oui! Exactement! Voilà ce qu'il préférait!
Son esprit analysa très vite la situation. S'il restait ici, il pouvait mourir, ou pire encore, se faire capturer à nouveau par les Tolväari. Mais si la déesse était rapide, elle réussirait à renvoyer ces chiens d'où ils venaient. Ou bien, il pouvait être ramené en sécurité et espérer pouvoir survivre... Bien que cela entraînerait peut être les souffrances d'autres êtres des environs. Voilà ce qui préoccupait Aiden. Pour avoir vécu des douleurs incomparables, il ne souhaitait à personne de connaître le même sort que celui qui lui fut réservé. Malgré tout, il fallait faire un choix...
Et alors que son esprit souhaitait choisir la solution la plus sécuritaire, s'apprêtant à dire qu'il voulait être amené en lieu sûr, une image apparut dans sa tête, et ses mots changèrent totalement de sens:
"Je reste."
Le chasseur n'en croyait pas ses oreilles. Qu'est-ce qu'il venait de dire?
Il s'apprêtait à réitérer sa phrase, lorsqu'il repensa à cette image qu'il avait eue en tête. C'était le visage de Fawn... Tout était clair, à présent. Il l'avait rencontrée dans les parages, et elle y était sûrement encore. Il ne voulait pas risquer qu'une de ces ignobles créature lui fasse du mal. C'était pour cela que son avis avait changé. Il n'avait pu défendre son père de la tyrannie du mal, ni sa soeur. Ni personne, en fin de compte. Là où il essayait, il échouait. Mais cette fois il n'échouerait pas. Il ne devait pas.
"Faites vite. Avant que je change d'avis. Et les dieux savent que j'en ai envie."
Il agrippa un peu plus fermement sa hachette. Vigile, quant à lui, tournoyait dans le ciel, à l'affût d'une occasion pour lacérer la nuque trop exposée d'un Fugoll. Le sort allait décider de leurs vies, à tous. Peut être pas pour la déesse, en réalité, qui était immortelle. Mais Aiden ne réfléchissait pas à ça pour le moment. Il se demandait s'il regrettait d'avoir ainsi parlé...
Mais il sut en serrant sa hachette, à son grand étonnement, que ce n'était pas le cas. |
| | | | Syvraës Déesse des Vents
Messages : 30 Date d'inscription : 14/07/2014
Royaume : Ydrasil
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Mar 9 Sep - 19:04 | |
| Ainsi ta décision était prise petit homme, tu ferais face. Ces cauchemars, ces années de souffrance, c’étaient elles qui se trouvaient à présent devant toi. Et tu acceptais de rester, de demeurer en ces lieux et de te battre. Mais était-ce seulement ton combat ? N’y avait-il pas une autre raison qui animait tes paroles et tes choix ? Il me semblait sentir dans ton cœur une étincelle, une lumière de douceur et de vie. Oui, enfin tu te battais dans le camp de la vie.
Avec douceur, je lâchai enfin la main d’Aiden pour quitter tout lien avec le monde terrestre. Il me fallait devenir vent, surpasser cette enveloppe de chair et renaitre sous les traits d’un élément de pure essence. Mes chers alliés comprirent et virent jouer de leur puissance tout autour de mon corps. Mes cheveux devinrent poussières, mes mains s’estompèrent et bientôt seul mon regard demeura au cœur de cette tempête. Je n’étais que souffle et vent, entité de magie bien décidé à défendre ces terres souillées par les mains du Tolväar.
Mais tandis que ma transformation s’achevait, je voyais du coin de l’œil les murs de notre dôme protecteur disparaitre. Or les Fugolls, comprenant que leur temps était compté, ne mirent pas plus de quelques secondes à réagir. Comme un seul homme, ils se ruèrent sur nous, bien décidés à nous initier au goût du sang et de la violence. Nombre de ces corps ennemis furent emportés dans les vagues de mon pouvoir, mais une poignée d’entre eux réussit à atteindre Aiden. Si nos deux oiseaux protecteurs s’engageaient avec fougue dans la bataille, j’ignorai si ce jeune mortel serait capable d’en faire de même. Je ne pouvais cependant pas intervenir directement auprès de lui car ce simple geste aurait signifié relâcher des dizaines de Fugolls. Protéger Aiden ne pourrait se traduire que par la fin de ce combat.
Puisant alors au plus profond de mon âme, je réussis finalement à saisir chacun de nos ennemis dans mes langues de vent. Tous se mirent à léviter à quelques mètres au-dessus du sol, incapable de fuir les lieux malgré l’angoisse qui saisissait leur cœur. Mes forces se brisaient dans ce geste qui nécessitait un véritable déploiement de puissance. Même mon corps, bien que dissout dans les bras de cette tempête, me semblait brûler de fatigue et de douleur. Dans un dernier effort de volonté, je parvins finalement à lancer un dernier appel. J’intimais à tout ce qui était lié à l’âme des vents de porter ses êtres loin d’ici, de les renvoyer dans ces terres maudites qui les avaient vus naitre. Et mes doux alliés accomplirent mon souhait, joignant leur force à mon esprit pour cet ultime geste.
Tous ces intrus des terres primales furent envoyés en direction du Tolväar. Le voyage ne durerait que quelques secondes et l’atterrissage ne les tuerait point. Il ne servirait à rien de torturer ces créatures qui n’étaient guère plus que des esclaves. Les tuer aurait été facile maintenant qu’ils étaient loin de Silraen, ne menaçant plus d’être vivant. Il aurait suffi de demander à cet air si nécessaire de ne plus entrer dans leurs poumons. De les pourchasser un à un pour leur infliger mille tourments. Mais quel but à cette douleur ? Aucun.
J’abandonnai donc les Fugolls à leur terrible maitre et demandai à mon esprit de réintégrer les bois sacrés de Silraen. Ce retour ne se fit pas sans difficulté et il m’était pour l’heure impossible de revêtir une enveloppe mortelle. Murmurer au côté des vents sacrés faisait de nous un esprit volatil. Reprendre forme humaine demanderait bien quelques minutes si ce n’était quelques heures. Ce fut donc sous la forme d’une brise ornée de grands yeux violets que je m’approchai à nouveau d’Aiden, espérant qu’il serait sain et sauf. Quant à Aftheor, il me rejoignit discrètement et se frotta à mes bras de vent. Il semblait indemne malgré les traces de sang recouvrant son bec et ses griffes. Il s’agissait du sang de Fugolls, ceux qui avaient eu le malheur de s’approcher un peu trop près. Mais lorsque mon regard croisa celui de mon compagnon, je compris dans ses pupilles jaunes qu’il n’y avait pas eu que quelques ennemis à ce moment-là. Nombreux étaient ceux qui avaient pu agir avant d’être entravés. Mes espoirs de vie se firent alors prières lorsque qu’enfin mes yeux se posèrent sur le corps d’Aiden. |
| | | | Aiden Tyback Réceptacle à souffrance
Messages : 38 Date d'inscription : 12/08/2014
Royaume : Silraen
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Sam 13 Sep - 19:22 | |
| Même lorsque la main délicate de la déesse quitta celle, plus robuste, d'Aiden, ce dernier ne se sentit pas défaillant. Quelque chose le faisait tenir debout, le faisait affronter ce qu'il avait fui et craint toute sa vie. Evidemment qu'il tremblait encore. Evidemment qu'il avait le souffle court et la peur au ventre. Mais malgré tout, il se tenait là, devant une foule de monstres prêts à lui lacérer la poitrine. Douloureux furent les souvenirs fugaces se manifestant dans la tête d'Aiden lorsque celui-ci vit les Fugolls et leurs sourires narquois. Des souvenirs qu'il aurait préféré ne pas se rappeler, mais qui chaque jour de sa vie le poursuivaient.
Rapidement, le bouclier protecteur disparut. Mais ce n'était pas ce qui avait le plus captivé Aiden durant ce moment; la déesse changeait de forme! Changer de forme? Le terme n'était pas vraiment approprié. Elle commençait doucement à s'estomper, comme une ombre dans l'obscurité, alors que tour à tour, cheveux, mains, jambes et visage semblaient disparaître. Mais le chasseur savait ce qu'elle devenait. Elle devenait le vent. Tout autour d'elle, des flux s'activaient prestement, créant une sorte de minuscule tornade. Le résultat était saisissant; d'humain, Syvraës n'avait plus que les yeux. Des yeux d'un violet intense, tranchant avec la masse venteuse composant à présent l'enveloppe de la déesse. N'ayant jamais assisté à pareille transformation, le bûcheron soupira d'extase. Il se mit à penser à quel point la magie était enchanteresse et magnifique...
Puis les Fugolls comprirent que le dôme salvateur s'était effondré. Très vite, les premiers agitateurs se ruèrent dans la brèche, passant à travers le vent pour se saisir du seul mortel encore palpable et devant eux; Aiden. Préparé, le chasseur agrippa plus fort sa hachette, la tenant derrière son dos. Son regard se durcit alors que les horribles chiens de Saphomoth couraient dans sa direction. L'un d'eux se rapprocha dangereusement de l'homme, et s'apprêta à bondir, lorsque tout à coup sortit Vigile, balançant ses serres en direction des yeux de la bête. A moitié aveuglé, le Fugoll couina et s'arrêta pour se tenir les yeux de ses pattes dégoûtantes, pendant que ses confrères prenaient les devant, l'un d'eux surveillant activement le ciel. Mais Aftheor, à ce moment précis, piqua du bec vers le sol et lacéra le dos exposé d'une des créatures néfastes, le faisant se tordre de douleur. Le chasseur remercia silencieusement l'intervention des oiseaux de proie, même si ça ne pourrait le sauver éternellement.
L'une des créatures se lança sur Aiden. Averti, ce dernier balança sa hachette en un coup de taille dévastateur. Le Fugoll, surpris, ne put arrêter sa course avant d'avoir senti le métal froid lui traverser les côtes. Il tenta de se dégager, jappant comme un chiot, mais il finit par rendre gorge alors que l'arme était extirpée de son cadavre. Le second assaut, quant à lui, fut un peu mieux organisé. Deux des bestioles se placèrent de part et d'autre d'Aiden, créant deux fronts. Leurs grognements s'intensifiaient à mesure qu'ils se rapprochaient du pauvre chasseur, qui agrippait sa hache fermement et regardait dans les deux directions, apeuré par le sentiment bien connu d'être une proie. Il était de nouveau une proie.
Le premier se rua sur lui, toutes griffes dehors et la gueule grande ouverte. Avec force et rage, Aiden lui balança son arme en travers de la mâchoire, brisant canines et os. Mais le spectacle de la gueule démembrée du Fugoll fut de courte durée. Car l'homme sentit des griffes lui lacérer le dos. La douleur lancinante arracha un cri au chasseur, qui s'effondra sur le ventre. Le prédateur retourna sa victime, afin de voir son visage lorsqu'il allait porter le coup de grâce... mais lorsqu'il retourna Aiden, celui-ci lui balança un coup de son arme dans la poitrine, l'envoyant valdinguer plus loin. L'action eut pour effet de faire cracher du sang à la créature, qui vint recouvrir le visage du bûcheron. Un des autres agresseurs vint alors lui croquer la jambe, pendant qu'un autre encore tentait de lui lacérer la tête, uniquement retenu par les bras d'Aiden qui tentaient de repousser les assauts. Meurtri, la jambe en sang, ses bras déclinant de plus en plus, l'homme pensa que son heure était venue. Même lorsqu'il parvint à envoyer son pied dans la gueule d'une bête, et que sa hache trouva le chemin du bras du Fugoll qui tentait de lui charcuter la tête, tout espoir semblait perdu alors que d'autres de ces créatures repoussantes se rapprochaient pour se disputer le futur repas.
Puis une chose inattendue se produisit. Une petite brise soufflait déjà sur la clairière. Mais à présent, la brise s'était changée en un zéphyr. Et ce zéphyr venait de s'intensifier, créant un vent puissant... Puis violent... Puis une véritable tempête! Les Fugolls couinèrent alors qu'ils étaient soulevés de terre et commençaient à être emportés par le raz-de-marée venteux. Etrangement, Aiden ne ressentit que l'intensité du vent, sans en subir les conséquences. C'est alors qu'il sut que c'était l'oeuvre de Syvraës. Les bêtes commencèrent à voler dans tous les sens, emportées par la tempête s'étant soudainement abattue dans la clairière. Derrière les arbres, Aiden put encore entendre les chuintements des bestioles du Tolväar. Même les cadavres des victimes de la hachette furent emportés dans un tourbillon de colère divine. Alors seulement, le vent repris son état normal et la la tempête devint brise à nouveau.
Sur son dos, Aiden souffrait. Sa jambe avait été comme mâchouillée par les efforts d'un Fugoll particulièrement tenance, son dos venait d'être labouré comme dans un champs, et il ne sentait plus ses bras qui venaient de batailler sauvagement pour la sauvegarde de sa tête. Respirant à grandes bouffées, il se releva doucement, grimaçant de douleur lorsqu'il parvint à se mettre en position assise. Vigile venait de se poser à côté de lui, picorant un oeil de Fugoll encore coincé dans ses serres. Caressant sa poitrine, il attendit d'avoir des nouvelles de la déesse. La peur, quant à elle, était passée. A présent, il ressentait ce qu'il avait vécu durant toute son existence; la souffrance à l'état pur, la brutalité des blessures et des coups. Un profond sentiment de colère envahit alors Aiden. S'était-il échappé, avait-il fui en Silraen, pour faire de nouveau face à ses démons?! Conscient que ces créatures nuisaient à ses perspectives d'avenir, le chasseur était amer. Où qu'il aille, serait-ce à jamais pareil?
Lorsqu'il vit les yeux violets entourés de courants d'air se dessiner près de lui, Aiden sut qu'il était à nouveau en présence de Syvraës. Délicatement, il se releva sur une jambe, ne disant mot. Qu'avait-il à dire, de toute façon? Ce qui était fait était fait. Il venait de sauver peut être un village de l'anéantissement... Mais c'était plutôt le fait d'avoir protégé quelqu'un en particulier qui remit du baume au cœur du pauvre blessé. Il se dirigeait à présent en boitant et en grimaçant vers la source, afin de laver sa jambe meurtrie et son dos lacéré. Mais à mi-chemin, il dit à la déesse, ou du moins à la paire d'yeux violets:
"Pourquoi ne pas les avoir tué?" |
| | | | Syvraës Déesse des Vents
Messages : 30 Date d'inscription : 14/07/2014
Royaume : Ydrasil
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Dim 21 Sep - 11:50 | |
| Aftheor ne m’avait pas trompée. En effet, de nombreux Fugolls avaient pu poser leurs mains sanguinaires sur Aiden. Son corps n’était à cet instant plus qui ruines et chairs meurtries. Mais malgré la douleur qu’il éprouvait, il ne semblait pas regretter son geste. Le sentiment qui l’animait n’était pas celui de la vengeance, c’était quelque chose de bien plus beau. Il avait su protéger un être aimé, il avait armé son bras et enfermé ses peurs pour défendre ce qui devait l’être. A mes yeux, après cette bataille, Aiden avait grandi et s’était tourné vers le chemin de la vie. Que celle qui guidait ce geste reste à ses côtés et peut être pourrait-il enfin accéder à la plénitude et au bonheur. Mais pour l’heure, il fallait s’occuper de ses blessures avant qu’elles ne s’infectent et ne viennent lui causer davantage de tourments. Notre sœur guérisseuse pourrait très certainement l’aider mais avant d’avoir pu lui proposer de l’emmener vers Ydrasil, une question franchit ses lèvres. Pourquoi laisser vivre ces êtres ? Pourquoi ne pas avoir pris leur vie ?
Doucement, je glissai vers Aiden et le rejoignis au bord de la source. Mes yeux se posèrent alors sur lui, immenses lacs mauves emplis de calme et de sérénité.
« Crois-tu qui briser la vie des Fugolls aurait véritablement changé quelque chose ? Ils ne sont que des instruments, guère plus que des jouets entre les mains de divins corrompus. Ôter la vie de certains n’aurait fait qu’en engendrer davantage. Le Tolväar aurait davantage déchainé l’enfer de ses terres, répondant ainsi à ce qu’il aurait jugé être une provocation. Ce n’est pas les esclaves qu’il faut atteindre mais bien le maitre. »
J’ignorai si cette réponse était celle attendue mais qu’importait, elle n’était que pure vérité. Ce n’était pas un affrontement direct qui mènerait ces mondes vers une paix tant espérée. Il faudrait jouer de sagesse et d’intelligence face à des êtres uniquement portés par la violence et la haine. Mais pour l’instant, là n’était pas la question, il fallait impérativement qu’Aiden voit un guérisseur.
« Jeune mortel, les blessures que portent ton corps doivent être soignées au plus vite. Il y a en Ydrasil une jeune Déesse qui accomplira parfaitement cette tâche en peu de temps. Ton compagnon pourra également se joindre à nous, les portes de Lumières sont toujours ouvertes aux âmes pures. Et si cet havre de paix réconfortait ton âme, il pourrait devenir ta nouvelle demeure, loin du Tolväar et de ses cauchemars. »
Mais à peine eu-je terminée ma phrase qu’il me sembla percevoir quelque chose dans le cœur d’Aiden. Une chaleur, incomparable, s’était allumée dans son être tandis que je lui offrais la possibilité d’être guéri. Ce n’était pas l’idée d’atteindre la cité Lumière qui avait accueilli ce sentiment mais bien un souvenir. Celui d’une jeune guérisseuse semblait-il. Si je n’avais été entièrement vent, un sourire se serait dessiné sur mes lèvres.
« A moins bien sûr qu’il n’y ait ici quelqu’un pouvant réparer ton corps… de même que ton cœur. »
Brise parmi les branches, j’attendis sa réponse. Si son souhait était de venir avec moi vers le Royaume des Cieux, quelques vents puissants viendraient soulever son corps et l’emporteraient vers Ymaldris. Mais si son cœur l’amenait à rester ici, je ne m’opposerai nullement à ce choix. Je veillerai sur lui encore quelques instants, aussi invisible qu’un soupir, jusqu’à ce qu’il soit entre de bonnes mains.
J’aurai aimé que sa route croisât davantage la mienne, lui apportant ainsi sécurité et paix. Mais à présent je doutais que sa place fut aussi loin de l’être qui hantait son âme. Peut-être avait-il finalement découvert une véritable raison de vivre. Dans ce cas je ne serai guère plus qu’un souvenir, un esprit veillant sur lui comme sur chaque vie de ses mondes. Je n’aurai alors qu’un seul souhait, celui que cet homme se tienne un jour devant moi, fier, vibrant de sérénité et de Vie. |
| | | | Aiden Tyback Réceptacle à souffrance
Messages : 38 Date d'inscription : 12/08/2014
Royaume : Silraen
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] Jeu 25 Sep - 21:14 | |
| Il y avait une part de vérité dans les paroles de la déesse. Tuer ces êtres n'aurait pas réellement changé la donne, sinon permettre à d'autres de venir grossir leurs rangs pour remplacer les camarades tombés. Ca, c'était ce que la logique voulait. En revanche, Aiden ne partageait qu'à moitié cette opinion "logique". Son parcours de vie résonnait au plus profond de son être, faisant ressortir de lui une profonde aversion, et une folle envie de mettre fin à la vie de ces créatures maléfiques. Ses affreuses expériences au sein du Palais de l'Agonie sonnaient comme une timbale à l'intérieur de son corps, le faisant vibrer... A moi que ce ne soit la colère? Mais quoi qu'il en soit, il aurait préféré voir ces suppôts du Tolväar morts à ses pieds. La haine qu'il leur vouait ne pouvait atteindre de limites, tant il en avait bavé sous leur égide terrifiante. L'amertume remontait à la bouche d'Aiden, qui plissait les yeux de dégoût. Mais il ne fit qu'hausser les épaules, incapable de dire quoi que ce soit de plus sur ces bêtes fouineuses et mesquines.
Lorsque Syvraës lui proposa un moyen pour guérir ses blessures, le chasseur fut presque tenté de répondre par oui. La possibilité de fuir encore plus loin, de s'établir dans un monde dont il avait ouï les richesses et la sérénité ambiante, de pouvoir enfin guérir complètement. Seul un fou ou un imbécile auraient refusé cette offre.
Alors pourquoi hésitait-il?
Aiden se mit à rougir un peu. La déesse venait apparemment de deviner pourquoi il était si dur pour lui de faire un choix. Il se demanda si cela était vrai. Rester sur ce territoire proche du Tolväar, dans une cabane au fond des bois, à chasser et couper du bois pour survivre... Mais dans l'espoir de peut être rester en compagnie de cette femme? Il était étrangement attiré par cette jeune guérisseuse. Il ne se l'expliquait pas. Ou peut être ne voulait-il tout simplement pas prendre conscience de ce qu'au plus profond de lui il savait déjà. De toute façon, sa décision se concrétisait à mesure que ses souvenirs prenaient possession de son esprit. Avec un petit sourire, et ce malgré les blessures qui parcouraient son corps d'homme, il répondit à Syvraës:
"C'est une offre que seul un imbécile refuserait. Mais je crois que je suis devenu bête, tout à coup. Je vais donc devoir dire non... Merci beaucoup pour votre aide, déesse des vents. Dans mes heures les plus sombres, j'ai prié des dieux comme vous de me sortir de là. A présent, je vais vous prier avec plus de ferveur que jamais. Je vous dois quelque chose."
Aiden voulut enlever ses vêtements, lorsqu'il se rendit compte que la déesse venteuse était toujours là, même si elle n'était pas palpable. Aussi, il se ravisa et préféra demander, presque gêné:
"Hum... J'aimerais laver mes blessures dans ce bassin. Ca ne vous... dérangerait pas de... fermer les yeux, s'il vous plaît? Je suis un peu... gêné."
Le chasseur était mort de honte. Devoir demander ça à une déesse. Et qui plus est, elle s'était retrouvée nue devant lui auparavant. Ironie, ironie... Que d'ironie. |
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| Sujet: Re: Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] | |
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| | | | Parce que je devais te rencontrer ♦ [Terminé] | |
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